à force de nuit je suis devenue friable
je ne laisse plus de trace il faudrait inventer des baisers en collier pour me ramener à une éclaircie plus vivante que cette vie
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je veux croire
aux marées hautes de la vie qui font et défont l’encre discrète de mes pas soucieux je veux croire aux vignes grimpantes du jour qui feront le vin de demain sur la nappe de l’été promis je veux croire qu’à chaque étage du ciel mes mots s’enracineront aux plis bleus de ton silence il fait beau jour
si près tu t’attardes encore sur le seuil de l’instant à travers ces heures que tu lis à voix haute tu entends à la mesure de ton pas inégal les serrures des champs s’ouvrir et si dehors la plaine se recroqueville sur des sarments d’inquiétudes tu verras par la fenêtre ouverte la couvée d’azur et le retour des hirondelles attentif à l’éclosion des paysages
au milieu de ta seule attente tu feuilles l’inoubliable lumière ses fantaisies légères sa conversation d’oiseaux du petit matin au milieu de ton silence là tu ne fais rien d’autre rien d’autre que de t’ajuster au surgissement du printemps je suis lointaine le jour m’a
repris dans l’obscur sommeil de routes sans nom - au-delà ça ne sera que l’hypothèse d’une juste réponse entre n’aie pas peur le soleil ne te fera pas de mal
il a l’habitude des passants l’autre soir il a fait quelque chose d’incroyable dans le jardin derrière toi il a rassemblé l’eau du puit le vieux tilleul la lavande et les azalées bleues il s’est agenouillé tout était doré il a porté la saison à ses lèvres et là il a tout simplement prié – oui je te le dis comme ça – il a prié depuis il est plus éclatant avec les marées hautes de l’absence
et l’horizon dérobé de ta voix avec la houle de mon regard qui t’invente sous chaque toit la force du jour rétablie à l’abord de chaque nuit je te cherche par-delà la foule les chagrins les sourires les visages quotidiens et plus que vivante je porte dans mes mains cet amour qui reste mien tu manques à mes mains
à l’écriture de ma mémoire qui rebâtit silence après silence l’autel bienheureux de nos draps blancs sur le vieux fil entre les figuiers @23
ce pourrait être ton monde mais c’est un lieu d’exil où le silence ressemble à une parole retournée tu cherches un signe entre les jours pourtant le ciel pèse peu sur ton front et ouvre en toi des infinis encore plus vastes vivante
tu éclos le sentier des possibles avec l’égale mesure des demeures soucieuses des étoiles ni la cendre ni l’abîme au fond de tes rêves tu t’affranchis dans ta paume un oiseau prend silence
ses ailes t’interrogent quelle aube à venir te tiendra encore en haleine au murmure qui se blottit entre tes doigts tu réponds le printemps visible ce qui se tisse à l’inachevé de nos mots
ce qui s’amarre aux rives de nos mémoires avec l’insistance d’un filet d’eau à traverser la mousse tendre d’un sous-bois c’est - tu sais - notre présence au monde notre présence à nos voix qui n’auront jamais finies de dire ce qu’elles ont à se dire parce qu’autour de nous les jours sont des miroirs que l’ombre n’atteindra plus cette voix à flanc de nuage est-ce l’orage
qui sourd en ton cœur ou l’éphémère sève de la vie qui te rappelle l’arbre singulier en toi et que tu apprivoises peu à peu dans le blé de tes heures sur les toits humides le ciel bas pèse comme la résine de l’ennui
la faute à ce silence éparpillé telle une volée de feuilles abandonnées au fond du jardin entre les racines noueuses de ta solitude tu y voudrais l’éclaircie d’une parole éprise qui viendrait rameuter au soupir de ce jour dépouillé tout le simple éclat d'un bouquet de pivoine si je ferme les yeux sur l’argile de tes mains
c’est pour y blottir le paysage de mon amour tantôt pierre tantôt pulpe il esquisse jour après jour des sentiers d’herbes folles mêlées à la patience de tes pas qui m’accompagnent au-delà des marées de la nuit c’est un royaume
ouvert sur le cheminement de ta patience ta soif - ta brûlure – aura dissous tout le givre qui demeurait encore au fond de tes regards il y a eu sans doute des jours qui figeaient chaque déferlement de lumière au plus large de tes gestes et des jours sans saveur qui ont pesé sur tes mains comme un silence inapproprié mais au fonds du puits tu sauras retrouver l’écume des étoiles qui enchantait ton enfance le bois mort de nos heures tricotées sur l’épaule d’un ami
d’une sœur qu’on étreint pour la traversée de terres nues à perte de cœur une étreinte oui de la main défaite sur le drap de l’hôpital et cette impuissance à taire ce creusement en nous qui nous vrille d’un mot pourquoi à travers l’hiver mémoriser son propre corps
ce lieu si froissé aux lignes de saisons rassemblées traverser nos multiples sillons de mêlées à vif et y retrouver la sève vive de notre primordial élan |